Le Moyen-Orient est-il le rescapé de la crise ?

La directrice du FMI, Kristalina Georgieva lors d’une conférence à Washington en octobre 2019.  Photo par Cory Hancock / FMI

Dans son dernier rapport paru ce mardi 26 juillet, le Fonds Monétaire International a revu à la hausse ses prévisions de l’inflation mondiale, à raison de l’augmentation récente des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Elle devrait atteindre 6,6% dans les pays avancés et 9,5% dans les pays émergents et les pays en développement pour l’année en cours, soit une révision à la hausse respective de 0,9 et 0,8 point de pourcentage.

Le Moyen-Orient plus épargné 

Si les perspectives pour les économies avancées sont largement négatives, le rapport note que celles pour les marchés émergents sont plus mitigées. Il relève que nous vivons dans une ère d’instabilité économique à haut risque, et les marchés émergents sont plus durement touchés que les grandes économies. Cependant, les perspectives pour le Moyen-Orient, l’Asie centrale et l’Afrique subsaharienne restent globalement stables voire positives en moyenne, en raison de la hausse des prix des minéraux pour certains pays exportateurs.

Le Fonds Monétaire International a revu à la baisse ses prévisions pour les taux de croissance dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour la période 2022-2023. Toutefois, si les prévisions du FMI ont été abaissées de 0,4% pour cette année, atteignant 3,2%, celles pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient n’ont été abaissées que de 0,1% pour atteindre 4,9%. L’année prochaine, le FMI prévoit que l’économie de la région connaîtra une croissance de 3,4%, soit 0,2% de moins que la prévision précédente.

Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international, a estimé dans une interview au média qatari « Al-Sharq » que le rapport soulève deux tendances notables et distinctes, entre d’un côté les pays exportateurs de pétrole, notamment ceux du Golfe, et de l’autre les pays importateurs de pétrole.  

L’ancien ministre des finances libanais relève également que la croissance n’est plus uniquement au centre des préoccupations et que d’autres indicateurs économiques retiennent l’attention, tels que l’inflation, les taux d’intérêt, mais aussi l’impact de la pandémie et de la guerre en Ukraine.

L’Egypte et la Tunisie font partie des pays les plus touchés

Premier importateur mondial de céréales, l’Egypte dont plus de 80% de ses achats proviennent de Russie et d’Ukraine, est fortement impactée par le conflit actuel. Si le gouvernement assure que les réserves seront suffisantes jusqu’à la fin de l’année, la pénurie se fait déjà ressentir. Le pays fait également face à une forte baisse des flux touristiques et des investissements extérieurs, notamment russes.

Le FMI note que la politique budgétaire menée par le gouvernement a eu un impact positif sur la réalisation d’un excédent primaire, se traduisant par des recettes publiques supérieures aux dépenses de l’Etat. L’institution financière ajoute qu’il est nécessaire d’achever les réformes économiques entamées il y a environ 4 ans et de travailler à la réduction du taux d’inflation. Celui-ci a récemment atteint 12%, malgré la décision de la Banque centrale Egyptienne de relever ses taux d’intérêts pour la première fois depuis 2017.

Le FMI a également déclaré que ses pourparlers avec les autorités tunisiennes pour parvenir à un accord sur un prêt de 4 milliards de dollars ont bien avancé. Les négociations sont basées sur un programme élaboré par le gouvernement avec le secteur privé, afin de soutenir le processus de transformation économique de la Tunisie et surmonter les défis économiques afin d’éviter l’effondrement des finances publiques, ce qui engendrerait une crise sociale majeure aux répercussions multiples.